dimanche 12 avril 2020

Et toi tu fais quoi pour la fin du monde ??

On vit un moment bien difficile. Depuis un mois une bonne moitiée des habitants de cette planète vit sans pouvoir sortir de chez elle, il faut absolument éviter d'être contaminé par ce méchant virus venu tout droit de Chine et qui te transforme les poumons en serpillère. Chaque matin je me reveille avec le même espoir, celui d'avoir fait un vilain cauchemar qui se terminera sitôt que j'aurai ouvert les yeux.


Malheureusement tout ça est bien réel, presque toute l'Europe est confinée et la date de notre remise en liberté n'est encore pas encore connue.




Tout ça est arrivé  à cause de celui qu'on a baptisé "Corona virus". Tu parles d'un nom!!! Quelle idée d'avoir appelé ce virus de la même façon qu'une célèbre marque de bière mexicaine. J'ai lu quelque part qu'il s'agissait d'une simple histoire de morphologie, ok, mais le résultat c'est qu'en le baptisant ainsi on ne l'a pas pris au sérieux tout de suite. Il aurait mieux valu lui donner un nom de serial killer, du genre Ebola, Marburg ou même VIH, là c'est sûr on se serait méfié. On sait tous maintenant que ce virus a été transmis à l'homme par l'intermédiaire du pangolin, cet espèce d'animal improbable qui ressemble à un artichaud sur quatre pattes, en voilà un qui aura intérêt a ne pas faire le malin quand tout ça sera fini. 
Du coup on est une majorité à être enfermé, il n'est donc pas question de sortir faire un tour de moto. La décision de confinement est arrivée très vite, et je n'ai pas eu le temps de m'organiser. J'ai laissé les motos en vrac dans mon garage en attendant une reprise de la vie normale, les plaquettes de freins avant de la Honda sont toujours chez le concessionaire, et deux pneus neufs m'attendent chez Dafy. Initialement le confinement ne devait durer qu'une quinzaine de jours, mais ça c'était avant qu'on se rendre compte que la bestiole faisait bien plus de ravages que prévu. L'interdiction de sortir a été revue à la hausse deux fois déjà, et évidemment tous les roadtrips prévus pour cette année sont d'ors et déjà reportés pour ne pas dire annulés. Je vous jure que le premier pangolin que je croise je le coupe en deux... 
Avant d'avoir vécu ce genre de situation, on a du mal à réaliser combien c'est long un mois sans pouvoir sortir de chez soi. Dans ces moments là on se met à réfléchir sur la notion de relativité du temps. Y'en à un qui à beaucoup travaillé sur le sujet c'est le père Einstein, et bien tu veux que je te dise, il peut retourner à ses équations Albert, y'a pas que la vitesse qui modifie l'écoulement du temps, l'ennui est aussi un paramètre très important. Car pour ce qui est de l'ennui, en ce moment on tient du lourd, au moins du 10 sur l'échelle Richter de l'emmerdement qui en compte 12, et le 12, le niveau ultime, il est exclusivement réservé aux interviews de footballeurs. 
Mais je me plains, je me plains, alors que je suis confiné à la campagne, tranquille... Loin de Lyon et de mes motos certes, mais en revanche tellement proche de la nature. Alors à défaut de mécanique à bricoler, je profite de ce mois d'avril exceptionnellement ensoleillé, pour suivre chaque jour et en direct le réveil de la nature. 
Car vous l'avez remarqué, il fait un p***n de soleil depuis un mois, c'est à dire pile poil depuis qu'on est enfermé... J'ose à peine imaginer le nombre de kilomètres que j'aurais pu faire avec un temps comme ça. 
Le virus aurait il decidé de nous narguer jusqu'au bout ??
Pourtant dans un premier temps j'ai été assez content de pouvoir admirer le printemps en pleine action dans mon jardin. Les massifs de jonquilles, les tulipes, puis les arbres fruitiers, dans tous les recoins y'a pas une fleur qui soit arrivée sans que je m'en sois aperçu, mais là franchement je suis à un stade où il me faudrait faire autre chose. Je ne sais pas quoi exactement, mais c'est sur que des trucs comme nettoyer une bécane, faire briller les chromes de la Harley, ça pourrait me calmer, mais mes motos sont si loins. Au final je me suis résigné à vivre de façon très simple. Je dors, je mange, je sors faire des petits tours dans mon jardin, c'est simple je ressemble de plus en plus à mon chat, même qu'hier je me suis surpris à vouloir attraper un lézard, faut vraiment que je fasse attention. 
Heureusement par moments mes souvenirs se réactivent. Il y a cette dernière sortie en Ardèche du 12 mars qui me reviens souvent en mémoire, c'était juste avant le confinement, il faisait un temps superbe et je me souviens d'avoir volontairement raccourci mon parcours initialement prévu d'une bonne centaine de kilomètres, sous prétexte que j'allais rouler suffisamment les deux semaines suivantes pour descendre en Andalousie. Si j'avais su!!! Et puis à Annonay, le même jour, ce pépé qui a mis les deux roues avant de sa Clio dans un trou parce qu'il regardait ma bécane en se garant. Il a fallut aller chercher deux ouvriers qui rigolaient pour réussir à lui remettre sa bagnole sur la route...
Pour nous les confinés les jours se suivent et se ressemblent étrangement, le temps s'écoule doucement, insensible aux drames qui se déroulent là-bas dans les hôpitaux. Moi je ne souffre que par moments, quand des pensées noires surgissent, alors dans mes cauchemars je me retrouve enfermé pour le restant de mes jours, condamné à regarder pousser mes arbres tandis qu'une petite voix me murmure à l'oreille, souri mon gars la météo annonce un temps superbe pour la fin du monde. 

Ma dernière ballade




Ma prison dorée 




Mes arbres

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez moi un commentaire, je m efforcerai d y répondre rapidement.