samedi 15 septembre 2018

Escapade en Auvergne

Depuis quelque temps déjà je regarde cette tâche verte et brune sur ma carte de France. Si j'en crois la légende c'est la promesse de trouver là-bas de la nature sauvage, de la forêt, des montagnes et sûrement beaucoup de jolies petites routes, c'est en résumé tout ce qui est nécessaire pour réussir une sortie moto.



Cet endroit qui me fait de l'oeil c'est le pays des Puys et du Cézallier, une région un peu au sud de la région des Volcans d'Auvergne. Elle ne se trouve qu'à 150 km de chez moi et je vais aller y trainer mes roues sans plus tarder.


J'ai préparé mon escapade la veille avec le sérieux d'un écolier (option école buissonnière). Au programme, un circuit autour du Puy de Sancy le matin, un repas typique dans un restau de la région, et un retour l'après-midi par l'ouest de Clermont, du côté du Puy de Dôme. Pour me rendre sur place j'ai beaucoup hésité entre prendre l'autoroute ou rester sur les petites départementales histoire de profiter du moindre kilomètre (ça ç'est le truc qui flatte mon égo de motard) tout en sachant que ça rajoutera une bonne heure à mon  temps de trajet. Finalement je suis parti plus tard que prévu à cause d'une panne d'oreiller, j'ai fait moitié route, moitié autoroute histoire d'arriver avant midi 😠😠.

Levé en retard certes, mais quand même avant le soleil !!!

Au départ de Bourbon Lancy le fond de l'air est plutôt frais (7°C) et il fait encore nuit. Je fais l'erreur de faire l'impasse sur le petit déjeuner avant de partir, c'est ballot, je ne trouverai pas un bar ouvert avant le nord de Clermont, je vous dis pas le plaisir quand j'ai enfin pu prendre un chocolat chaud. L'avantage quand même lorsqu'on ne pars pas de Lyon c'est qu'on est tout de suite en pleine nature, c'est déjà ça, pas besoin de se sortir des bouchons inextricables de la banlieue. Finalement ces 150 kilomètres jusqu'à Issoire se passeront sans soucis, quoi que....
J'ai quand même eu un petit problème. Quelques dizaines de kilomètres après mon départ, alors qu'il fait encore bien nuit et que je suis en pleine nature, mon phare s'éteint. Ça fait un peu flipper sur le coup. Heureusement pour moi ce matin je connais la raison de la panne. Pas de panique, il me suffira juste de coller deux ou trois claques au bouton du démarreur pour retrouver la lumière...
Je faisais moins le mariole il y a quelques mois lorque ça m'est arrivé la première fois. Ce matin là je suis resté coincé sur le bord de la route jusqu'au lever du jour.
J'ai passé beaucoup de temps après cette aventure à essayer de comprendre pourquoi ce phare s'éteignait de façon aléatoire quand je roulais, mais sans succès. C'est finalement sur un forum dédié à la CB1300 que j'ai trouvé là solution. Sur ma moto lorsqu'on met le contact le phare s'allume immédiatement, comme sur toutes les motos modernes je suppose, puis lorsqu'on appuie sur le bouton du démarreur on lance le moteur bien sur, mais en même temps il y a un dispositif intégré dans le même bouton qui coupe le phare, histoire sans doute de préserver la batterie qui est toute rikikie sur la CB1300. C'est ce dispositif qui me joue des tours, un faux contact vraisemblablement... Pour le moment quelques baffes suffisent à régler le problème, mais il est clair qu'il faudra que je songe à changer cette pièce.


Pause pipi... Même pas moyen d'être tranquille !!!

A cette heure matinale la traversée de la vallée de la Bresbe est très esthétique. La petite couche de brouillard qui flotte au dessus des prés ajouté au lever du soleil donne des paysages superbes, j'ai envie de m'arrêter toutes les cinq minutes. Je prend la A71 du côté de Gannat et j'arrive à Issoire pour 9h30. A cette heure ci il devait y avoir un décollage de montgolfières dans le cadre d'un week-end de festivité sur l'aérodrome du Broc. Je me voyais déjà faire des photos de ces gros ballons colorés dans le soleil levant, raté le départ à été reporté ou annulé, à cause du vent trop fort, c'est du moins ce j'ai cru comprendre, du coup je suis remonté sur titine et j'ai taillé la route, c'est pas tout ça, j'ai des volcans qui m'attendent moi !!!
Cap à l'ouest, je passe Perrier sans m'arrêter, j'en ai eu des regrets toute la journée, jusqu'à ce que j'apprenne le soir que ce n'était pas du tout la ville d'où jailli l'eau minérale tellement connue, la source Perrier se trouve dans le Gar pas trés loin de Nîmes. Les paysages changent peu à peu à mesure que je progresse à l'ouest. Le décors si particulier à la région du Cézallier se met progressivement en place. On est sur du haut plateau volcanique, avec des paysages type steppe désertique, des tourbières paraît il, le tout entouré des sommets arrondis des anciens volcans. On sent qu'ici en hiver ça ne doit pas être rigolo tous les jours. La route grimpe depuis la sortie de la ville de Perrier, mais tranquilou, ce ne sont pas les Alpes non plus... Je vise la ville de Besse-en-Anastasie et je poursuis par la route qui conduit à la station de ski de Super-Besse, histoire de contourner le Puy de Sancy par le sud. Je visite au passage les deux lacs de cratères qui sont sur ma route, le lac du Chambon et le lac Pavin.

Le lac Chambon, j'ai regretté de ne pas avoir pris le maillot de bain, jusqu'à ce que j'y trempe la main
Le lac Pavin est beaucoup moins facile à photographier que le Chambon, à moins de posséder un hélicoptère sur place (ou un drone). Il est entouré de falaises et de forêt de pin sur une bonne partie de sa circonférence, bref il ne se prête pas à la photo du touriste à moto, ledit touriste ne s'éloignant jamais trop loin de sa monture. En revanche il se traine une réputation un peu sulfureuse ( au figuré et peut être même au propre... Va savoir on est entouré de volcans, alors le soufre...). Ce mignon petit lac tout rond présenterait selon certains spécialistes toutes les prédispositions requises pour une "éruption limnique" (merci Wikipédia), c'est à dire un dégazage brutal de milliers de m3 de gaz carbonique dissouts dans ses couche profondes et froides (un peu comme quand on ouvre brutalement une bouteille de champagne préalablement secouée).

Le Lac Pavin. © ADDT63/Y. Arthus-Bertrand

Ce sont ses caractéristiques physiques uniques en France (surface, profondeur, couche d'eau non miscibles) qui pourraient être responsable d'une catastrophe comme celle survenue au lac de Nyos au Cameroun, lequel présente une configuration semblable. Il fut le théâtre d'un violent dégazage de gaz carbonique en 1986, causant la mort des 1700 personnes qui vivaient à proximité. Chez nous les spécialistes ne sont pas tous d'accord en ce qui concerne le potentiel éruptif de notre lac Pavin, et pour ce que j'en ai lu, des dosages de gaz dissout dans les eaux en profondeur ne montrent pour le moment rien d'alarmant. Dans le doute j'ai repris ma route pour les villages de Picherande, Chastreix, la Tour d'Auvergne, le Mont Dore et Murol, l'idée étant en priorité de ne pas mourir asphyxié et dans la mesure du possible de poursuivre mon tour du Puy de Sancy pour finir sur le coup de midi dans un restau à Saint Nectaire.
Je ne sais pas s'il y a beaucoup de motards parmi les personnes en charge de l'aménagement des routes dans le Puy de Dôme, mais le réseau routier ici est superbe. Les petites départementales que j'emprunte ce matin sont irréprochables, l'enrobé est nickel, il n'y a pas de gravillons, de la vraie "moquette à motards" dirait Marie... Rien à voir avec les routes de Saône et Loire !!!


J'apprendrai le lendemain que cette région a un nom, le plateau du Cézallier

Rouler à moto dans ces espaces déserts est un vrai régal. Je croise et je double bien sûr pas mal de camping car, nous sommes encore en septembre et c'est la saison de migration préférée des retraités (j'ai le droit de me moquer j'en suis un), faut être honnête en moto ça ne pose pas trop de problèmes pour les dépassements. Si j'avais prévu qu'il allait faire si chaud vers midi j'aurai acheté de quoi picnicker dans la nature. Mais bon l'organisation et moi.. Je m'arrête donc dans un petit restau à Saint Nectaire, ville qui cette fois est bien l'endroit où on fabrique le fromage éponyme. 

 Umberto Ecco a écrit un recueil de nouvelles intitulé "comment voyager avec un saumon"?? Moi je propose une variante, "comment voyager avec un St Nectaire"

Ma pause de midi je la fais dans un petit restaurant dont le nom "le Rocher" souligne à quel point les propriétaires ont fait preuve d'originalité pour nommer leur établissement. Sans doutes la présence de cet énorme caillou sur lequel s'appuye la terrasse a t'elle influencé leur subconscient au momet du choix. Un gros panneau à l'entrée rappelle aux motards qu'ils sont les bienvenus, ce qui s'est avéré exact, la serveuse et le cuisto étant trés sympas tous les deux. J'ai fais dans l'originalité moi aussi, en guise de repas typique j'ai commandé une pizza, mais au reblochon...
Après le repas je reprends la route. Ce moment là est toujours un peu délicat. Non que je craigne qu'une mauvaise digestion me rende le retour à la maison difficile, non, c'est plutôt qu'à partir de maintenant je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il va falloir prendre le chemin du retour. C'est tout moi ça, je n'ai finalement pas trop changé depuis toutes ces années lorsque gamin j'appréhendais à la fin des vacances des le milieu du mois d'août.

La région est riche en histoire, ici le château de Murol

Je décide de remonter chez moi uniquement par les petites routes. Ce coup ci j'ai le temps, et dans ma tête je trace une route qui passe par l'ouest de Clermont-Ferrand, il y aura sur mon chemin le volcan emblématique de la région, le Puy de Dôme. Dans le secteur il y aurait aussi les gorges de la Sioule à visiter mais cela fera l'objet d'une autre sortie tant il y a de choses à voir là-bas.
Pour être honnête, cette fois encore mon sens de l'orientation n'a pas été à la hauteur. Je me suis pas mal perdu et la trace de mon parcours a du ressembler à celle laissée par un voilier qui tire des bords face au vent. Malgré ça, tous les arrêts, tous les dépliages de cartes, tous les demis tours que j'ai pu faire pendant ce retour n'ont pas réussi à entamer mon enthousiasme.

J'ai même retrouvé le Puy de Dôme au détour d'un chemin
Retour chez moi après 450kms de ballade. J'ai eu ma dose de moto pour la journée, elle va pouvoir rester un peu au garage maintenant. C'est toujours ce que je pense le soir même, mais cette légère sensation d'overdose passe très vite, et dans quelques jours je vais me retrouver en manque, une vrai drogue ces bécanes, et comme en plus j'ai déjà une idée pour ma prochaine destination...

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