jeudi 16 mars 2017

Addiction

"La moto, j'arrête quand je veux !!!" C'est le genre de phrase qu'on sort lorsqu'on est déjà bien atteint. J'en ai eu la preuve début janvier, quand j'ai quitté la France pour deux mois de voyage en Amérique Centrale, loin de chez moi, loin de mes chers bolides.


Après tout, passer janvier et février au soleil, sans faire de moto, on a vu pire comme supplice non? c'est ce que je pensais !!!


Le Nicaragua à de jolies villes coloniales, des plages de sable fin et des superbes couchers de soleil sur l'océan Pacifique. Tout ce qu'il faut pour faire de jolies cartes postales et pour oublier l'hiver qui s'est installé là bas en France. Rajouter deux mois d'été au climat lyonnais l'idée m'a séduit immédiatement.
Changer de continent est toujours très dépaysant, et il m'a fallut un peu de temps pour m'habituer à ma nouvelle façon de vivre, et pour saisir les particularités du pays. Et quoi de plus révélateur pour un motard que de savoir un peu de quoi est fait le quotidien du biker autochtone, j'allais voir de plus près sur quel genre de machines ils roulaient tous ces "Nicas". On ne peut pas reprocher à un motard en vacances de chercher à connaitre les us et coutumes de ses collègues de l'autre bout du monde.
Je ne l'ai pas remarqué tout de suite, mais coté moto, les choses sont différentes dans ce pays. Les deux roues ici pourtant ne manquent pas, ils sont même plutôt omniprésents, mais si on regarde attentivement....
En France, lorsqu'une moto passe dans une rue, pour peu que son moteur soit un tant soit peu expressif, on reconnait tout de suite la population motarde, la seule à se dévisser la tête pour mater ladite bécane, en évaluer rapidement les performances, bref être capable très vite de se faire une idée sur la bête en question. Mais quand donc pourra-t on liker la vraie vie??
Ici, après deux semaines, je me suis rendu compte que pas une fois je n'avais levé la tête, attiré par un bruit de moteur prometteur, il y avait vraiment un problème. La réalité m'a percuté de plein fouet un matin, j'ai réalisé qu'ici la cylindrée des motos n’excédait pas les 250cm3, et pour parfaire le cauchemar, je n'ai jamais vu que des monocylindres. Oh n'allez pas croire que je ne jure que par la cylindrée et par la puissance de la machine, mais bon, Harley fait du twin depuis plus de cent ans, Honda a sorti son premier quatre cylindres en 1968 alors..... (*)
Après un mois de ce régime basse cylindrée, j'ai eu mes premières hallucinations. D'abord auditives, elles m'ont conduit à confondre des bruits de voitures aux échappements traficotés avec le chant du quatre cylindres Nippon. Plus tard, ravagé par l'état de manque, j'ai même confondu un custom "latinos" sur base de 125cm3 avec le dernier modèle de chez Milwaukee. Régulièrement dans mes rêves, je vivais un monde dans lequel le multi cylindre n'était encore que pur fantasme, cauchemars sans fin qui m’obligeaient au petit matin à me précipiter sur mon smartphone, afin de regarder les photos de mes  motos, et enfin me rassurer, oui, les twins et les quatres cylindres avaient bien été inventés...
Ce n'est que deux jours avant mon retour en France, alors que je marchais dans la petite ville d'Estelli, un soir,  que je les ai entendu. Du gros son, au moins du 750cm3, échaudé par mes précédentes déceptions je n'ai pas réagi tout de suite, pas de photo donc. Ils étaient deux, j'ai juste eu le temps d'apercevoir le sigle Honda sur un des réservoirs, des "Fireblade" m'a t'il semblé. C'est pas récent hein? Mais quel bien ça m'a fait. Cette petite dose m'aura permis de tenir jusqu'au bout.
Je suis rentré à Lyon depuis deux semaines. J'ai repris la moto, progressivement, afin d'éviter tout phénomène d'overdose. Les premiers kilomètres avec "Harlette" ont été très sensuels, à la manière d'un couple longtemps séparé, on se connait bien, mais il faut quand même se redécouvrir. Quand à moi, depuis, je me trouve plutôt chanceux de pouvoir me balader sur ces belles machines, rien que pour le plaisir, et cela même au prix de l'accoutumance que cela provoque.

Custom latinos

(*) Ce post, vous l'aurez remarqué, est purement humoristique. Il n'a été question à aucun moment de critiquer et surtout pas de se moquer de l'utilisation de la moto au Nicaragua.

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