samedi 11 février 2017

Nicaragua février 2017

Si ce matin en ouvrant ta fenêtre tu as l'impression de rentrer dans ton congélateur, c'est bien que le temps des ballades à moto n'est pas encore arrivé. Et pourtant, à voir ta tête, je sens bien que tu aimerais te faire une belle ballade à travers la campagne, le museau balayé par la chaude brise d'une belle après-midi d'été.


Malheureusement, l'hiver n'est pas encore terminé. Alors si tu es en manque de roulage sous la chaleur et la lumière, rejoins moi vite. Ici au plus beau de la journée la température flirte avec les 35°C, c'est presque un peu trop chaud, mais ne t'inquiètes pas, on fait avec, et moi je suis sur que tu vas aimer.


Je te l'avoue j'ai déserté la France. Je suis au Nicaragua. A la manière des oiseaux migrateurs, nous avons pris l'habitude de raccourcir un peu l'hiver français. Un gros mois de visite dans un pays chaud, et cerise sur le gâteau quelques jours réservés pour un petit ride en moto, qui se fera sur l'ile d'Ometepe.
Sitôt arrivés dans la famille qui va nous héberger pendant ces quelques jours un loueur de deux roues vient nous proposer ses services. C'est d'accord, dès demain nous aurons un deux roues, à la première heure.
l'ile d'Ometepe, ce sont deux gros cailloux, deux volcans, qui sortent de l'eau, reliés par un bout de terre tout plat, en plein milieu d'un immense lac. Sur une carte on dirait une paire de lunettes sans branches. Nous sommes hébergés sur la partie ouest, notre volcan à nous s'appelle Concepcion, et il est toujours actif. Son sommet qui est très souvent masqué par les nuages, culmine à 1600m. De l'autre côté, à l'est il y a Maderas 1400m, éteint depuis un bout de temps.
Le lendemain à l'heure dite, l'ami loueur se pointe avec deux scooters. Déception. ..
Je me suis un peu documenté avant de partir et je crois savoir que les belles routes goudronnées ne sont pas légion sur l'île. Je bataille un peu et finalement j'obtient ce que je veux, une petite moto tout terrain avec un "gros moteur" de 200cm3.
Les bécanes en location ici se ressemblent toutes, je n'ai vu pour le moment que des monocylindres. Seule la cylindrée change un peu, de la 125cm3 à la 250cm3 en passant par la 150 et la 180cm3, on trouve de tout, je me demande même si on ne pourait pas en avoir une sur mesure!!!
Pour ce qui est du parcours à effectuer, le plus sympa sur cette ile, c'est d'en faire le tour complet, le long de ses côtes. Ça tombe bien, il n'y a de toutes façons que très peu d'autre choix vu la topographie du lieu.

Nous logeons à Moyogalpa extrémité ouest de l'ile 

Le tour complet de l'île fait à peine une centaine de km, mais je prévois d'y passer toute la journée car je pense que nous ferons de nombreux arrêts photo. Les casques qui nous ont été fournis avec la moto sont un défi à la sécurité routière, tant ils paraissent inefficaces. Comme en plus nous sommes habillés en short et tee-shirt ça donne une idée de ce qui se passerait en cas de chute, notre unique protection étant une bonne couche de crème solaire indice 50.
Alors, totalement inconscient? Que celui ou  celle qui n’a jamais mis un bémol à ses idées me jette la première pierre, il y a tellement de bonheur à rouler sans contraintes. La circulation ici est très différente de celle que nous avons en France. Le réseau routier est tel qu'il est bien difficile de rouler vite, les quelques rares fois où je dépasserai le 60 km/h ce sera sur des routes droites et pratiquement désertes, mais j'en convient volontiers, ce n'est pas une excuse.
Nous quittons Moyogalpa par le sud et immédiatement nous voilà plongés dans l'ambiance.

Il va falloir partager la route avec les autres
On sent tout de suite qu'il va falloir apprendre à partager la route, mais pas avec les automobilistes, il y en a presque pas. Par contre on croise énormément de deux roues, des camions bourrés de bananes, beaucoup de chevaux, attelés ou pas, des bœufs, des vaches et même des cochons. Tout ce petit monde gambade sur le bord de la route quand il ne traverse pas subitement.

C'est la pleine saison de la banane Plantin

Une autre surprise, après quelques kms de conduite, à l sortie du village de "La Paloma", la route croise une piste d'atterrissage. Petite séquence nostalgie, lorsque je pilotais encore, je n'ai jamais rencontré de telle configuration....

Alors à qui la priorité ? 
Après une petite heure de route c'est une évidence, notre monture n'est pas très vivace et la moindre petite côte se traduit par une rapide chute de vitesse. Mais combien peut il rester de chevaux dans ce petit moteur ? Au chapitre bonne nouvelles, je ne vous l'ai pas encore dit, mais cette moto est équipée d'un kick. Me voilà revenu 40 ans en arrière, avec ma première 125cm3. Je crois bien que c'est la première chose que j'ai faite dés que le loueur est parti. J'ai testé le démarrage au kick et je me suis immédiatement fait mal à la cheville. Finalement le démarreur électrique c'est pas mal non plus.
La route sur laquelle nous roulons, lorsqu'elle est revêtue, est faite de sortes de pavés autobloquants, les nids de (très grosses) poules y sont fréquents et les ralentisseurs mortels. Par contre le décors enchanteur vous fait rapidement oublier tous ces petits détails. Rouler entre bananeraies, cocotiers, avec en arrière plan la silhouette menaçante du volcan Concepcion, j'en redemande.

Je suis satisfait d'avoir insisté pour avoir un trail
Un peu avant midi nous bouclons le tour de notre côté d'île et nous sommes (enfin) sur le point d'entrer à Altagracia. Cette toute petite ville semble vivre au 19ème siècle, mais nous révisons rapidement notre jument, lorsque, incidemment nous découvrons qu'une connexion internet wifi est mise à disposition de tous, gratuitement dans le "parque centrale". Nous aurons la bonne surprise de découvrir que c'est la même chose dans toutes les villes du Nicaragua que nous avons visitées.

Ici les bus sont de vraies œuvres d'art
Au centre du village trône un bar, avec peint sur ses murs les portraits des leaders révolutionnaires célèbres, il ne faut pas oublier que l'histoire de ce pays était mouvementée il y a encore très peu de temps.
Il est presque midi et depuis un petit 1/4 d'heure des centaines d'écoliers ont envahi la route, à pied, à vélo, et même à cheval. Nous allons nous faire une pause repas dans cette petite ville. Le restau est rapidement trouvé, Marie possède un sixième sens quand il s'agit de  dénicher à manger, en fait il n'y en a que deux.
Il y a une spécialité qu'il faut goûter lorsqu'on voyage en Amérique latine, c'est le Ceviche. Il s'agit de poisson cru mariné dans le jus d'agrume avec les épices qui vont bien. Sinon, pour les plats traditionnels on trouve surtout du poulet, du porc, grillés avec des beignets de bananes plantain des haricots rouges et du riz.

Le côté Est de l'ile et son Volcan "Maderas"
Après ce repas, nous pouvons maintenant nous lancer dans l'exploration de la deuxième partie de l'ile, celle sur laquelle se trouve le volcan Maderas. L'unique route qui relie les deux volcans passe au nord, de nombreux hôtels sont installés là, profitant de quelques km de plage de sable fin. Nous avons quitté les pavés depuis un petit moment déjà, et il me semble bien que je ne vais pas les retrouver de sitôt. Pour rouler sur l'ile d'Ometepe il est recommandé de louer un trail. Je penserai souvent pendant la semaine à la galère que ce serait si j'étais avec ma Harley.
La route se faufile pendant plusieurs dizaines de km à travers des bananeraies, j'ai vraiment l'impression de m'être trompé, soudain, un camion rempli de bananes et arrivant un peu vite en face de nous, nous oblige à plonger entre les bananiers, pas de bobo, mais ce sera l'occasion de demander notre route.. Tout est OK.


 Finalement le plus douloureux sera de ressortir la moto coincée entre deux bananiers

"Balgüe", "La Palma", "St Ramon", "Merida", tous ces villages sont minucules, il n'y réside que quelques dizaines d'individus qui vivent presque en autarcie. On les rencontre le plus souvent aux champs ou montés sur des chevaux pour balader leur bétail. Les gamins se rendent à l'école à pieds à vélo et même à cheval. Nous terminons notre tour sans rencontrer beaucoup de monde, ce côté d'île est franchement perdu. Nous décidons de rentrer à notre base en passant par le Nord de Altagracia, notre parcours dessinant ainsi un beau 8 sur la carte. Je m'arrête à une
station service avant d'entamer la route du retour, je préfère être prudent ne connaissant pas bien l'appétit de ma monture. A moins d'un euro le litre ce ne sera pas le poste carburant qui grèvera notre budget.

La route après Altagracia n'est pas pavée non plus. Il va nous falloir accélérer un peu l'allure pour rejoindre notre maison, la circulation de nuit étant assez risquée vu la quantité de deux roues qui roule sans lumière.
Le périple se termine sans problèmes. Nous sommes bien fatigués le soir et j'aurai une pensée toute particulière pour les concepteurs de crème solaire qui savent si bien filtrer les UV. Circuler en deux roues sur ce bout d'île apporte une grande liberté de mouvement et permet d'être au plus près des locaux. On ne peut pas vraiment parler de grand ride vu la modeste taille de l'ile et son offre très limitée en matière de route, mais quel pied de rouler en février sous 35°C, avec en toile de fond ces volcans dont les sommets sont presque toujours couverts d'un chapeau de nuages, seule touche de blanc dans ce déluge de ciel bleu.

"Que te vaya bien" maxime que nous avons pratiquée tout au long de notre séjour 


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