mercredi 27 avril 2016

Le Mont Gerbier de Jonc et la source de la Loire

J'étais occupé à tracer l'itinéraire d'une nouvelle sortie moto sur une carte routière, lorsque mon attention fut attirée par un nom familier "le Mont Gerbier de Jonc". Je me suis tout de suite souvenu. C'est toujours amusant de constater avec quelle précision le cerveau d'un écolier peut mémoriser certaines informations, et je me revois inscrivant à la plume sur mon cahier de géographie:
" Avec ses 1000km de longueur, la Loire est le plus long fleuve de France, elle prend sa source au Mont Gerbier de Jonc dans le massif Central".


Il n'en fallu pas plus pour attiser ma curiosité, à quoi peut bien ressembler la source d'un fleuve?

Le but de mon escapade d'aujourd'hui n'est qu'a 180 km de Lyon, mais comme cette partie du Massif Central n'est sillonnée que par des petites routes (heureusement), il me faudra bien entre 3 et 4H00 pour me rendre sur place.
Le parcours prévu devait être le suivant:
Lyon, Vienne, Tournon sur Rhône, Lamastre, Le Cheylard, Arcens, Mont Gerbier de Jonc, Le Béage, Arlempdes, Le Puy, Lyon.
Coté météo, ce matin c'est soleil et air froid et je ne perd pas de vue que ma destination est en altitude, environ 1100m. Alors je mets toutes les chances de mon coté. Grosses chaussettes, pantalon de ski, sous vêtements techniques, blouson avec doublure coupe-vent, gants chauffants et poignées chauffantes, bref la totale. Si avec ça j'ai encore froid, je revend les moto et  je m'achète un sauna.
Je réussi à sortir des bouchons lyonnais assez facilement ce matin. Je quitte l'autoroute à Vienne, et je prend la D26 celle qui suit le Rhône rive droite. J'aime cette route que j'empruntais déjà pour me rendre sur le site industriel des Roches de Condrieux lorsque j'ai débuté ma vie professionnelle. Ce matin mes motivations sont beaucoup plus ludiques, mais les souvenirs restent bien nets, et je me rappelle le plaisir de circuler entre le Rhône et les coteaux couverts de vigne à une époque où cette nationale était moins bien aménagée.

Les vignes n'ont pas encore bien démarré.

Les vignes, elles sont toujours là, et si l'on en juge aux tarifs pratiqués, les appellations "Côtes-Rotie" et "Condrieux" ont plutôt le vent en poupe. Je continue mon chemin sans m’arrêter chez un producteur, le peu de place disponible sur Harlette me fait faire des économies. Arrivé à Tournon sur Rhône je prend sur ma droite la D534 qui suit la vallée du Doux jusqu'à Lamastre. C'est à partir d'ici que la fête commence. Il y a bien un gros panneau au départ de cette route qui invite les motards à la prudence, mais allez résister à des centaines de virages souvent sur une route bien goudronnée, le tout dans un joli décors.

La route suit la rivière le Doux. (attention à l'orthographe!! rien à voir avec le Doubs)

Arrivé à Lamastre, je stoppe sur la place du village et je m'offre le traditionnel chocolat chaud du matin. Malgré les deux petits degrés je n'ai même pas froid aux mains. Faut dire que la combinaison gants chauffants et poignées chauffantes ça assure. A la sortie du village je met le cap sur Le Cheylard (D578). La route est plus étroite et les virages plus serrés. Je suis bien souvent obligé de négocier les épingles en première, non je ne traine pas!!! la première chez Harley tire très long.

La différence de climat avec la vallée du Rhône est flagrante. En bas les cerises sont déjà formées.

Une fois au Cheylard, je prend à droite sur la D120 et quelques kilomètres plus loin à gauche sur la D237. Je dois tomber pile sur les sources de la Loire en suivant cette route. Évidemment, il arrive toujours un évènement imprévu, et aujourd'hui c'est un pont en réparation à la sortie d'Arcens qui va mettre en l'air mon roadbook.
 - "Passez donc par Soutron et Borée me dit le gars du chantier, vous verrez vous ne le regretterez pas, c'est une petite route en pleine campagne..."
Et il avait raison ce brave homme, plusieurs fois j'ai failli faire demi-tour, croyant la route terminée !!

Continue, continue pas ?

La persévérance a fini par payer, et me voilà bientôt en vue du fameux Mont Gerbier des Joncs.

 Le Mont Gerbier de Jonc est bien reconnaissable avec sa forme de pain de sucre

Midi, j'arrive enfin sur les lieux où la Loire fait ses premiers glouglou. j'apprend de la bouche du serveur, (je me suis arrêté manger un peu) qu'il n'y a pas une source mais trois. Allons bon, je verrai ça après le repas.

Ce bout cailloux est un vraie éponge, à son pied il nous recrache ce qui deviendra le fleuve le plus long de France

Après un repas qui ne restera pas dans les annales, je m'en vais voir de plus près ces trois sources. Enfin vous n'en verrez que deux vu que la troisième n'est pas accessible en moto, et que j'ai un certain mal à digérer mon jambon braisé au gratin !!!

La source dite historique autrefois mentionnée dans les livres de géographie

La source véritable, de nos jour c'est le point "zéro" à partir duquel on compte la longueur du fleuve

Et la troisième? et bien c'est la source "authentique", elle a été aménagée en 1938 par le Touring Club, il y a parait t'il une espèce de stèle et des indications techniques sur le fleuve.
Voici un lien qui vous conduira sur la page d'un monsieur qui s'est documenté sur le sujet:
http://photos.piganl.net/2013/loire/loire.php
Toujours est il que ces trois sources finissent par se rejoindre après quelques centaines de mètres pour donner une seule Loire, celle qui ira jusqu'à Saint-Nazaire, se suicider dans l'océan Atlantique.

 Le bébé Loire après la "réunification de ses trois bras"
 
Me voilà donc sur le chemin du retour. Je prend la D122 en direction de Arlempdes. Je traverse des villages aux noms improbables: Freycenet-la-Cruche, le Monastier-sur-Gazelle Saint-Arcons-de-Barges... pour finalement arriver à Arlempdes. C'est ici que la jeune Loire entre dans ses premières gorges, un ancien château médiéval en surveillait l'accès.

Vestiges du château d'Arlempdes construit au XII ème siècle

Je quitte ce joli site, le village est aussi très sympa à visiter. Je rejoins la N88 qui va me conduire au Puy-en-Velay. C'est terminé les jolies petites départementales qui virevoltent, bonjour les camions.

Arrêt photo obligatoire au Puy-en-Velay le Rocher Corneille et Notre Dame de France

Le parcours de retour sur Lyon n'est pas intéressant. Je passe par Saint-Etienne, je rejoins l'autoroute A6 à la hauteur de Givors, et retrouve finalement mon "home sweet home" après une belle ballade de près de 400km.
Ce soir j'ai les fesses en compote, une allergie aux yeux due au pollen et des crampes dans les poignets. Mais quelle journée!! Sur la route du retour, en passant au dessus du Rhône, je me surprend à réfléchir...
Et le Rhône, il la prend où sa source le Rhône??


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