jeudi 17 mars 2016

Choc thermique

Je regarde la route qui s’engouffre sous mes roues. Je me dit que sans trop d'efforts je pourrai la toucher du bout de mes doigts. Ce serait un bon moyen de vérifier que c'est bien moi le motard dans le froid matinal, que tout cela est réel, que je suis bien réveillé.


Après presque deux mois de séjour en Thaïlande, je redoutais de retrouver la France et son climat de fin d'hiver. J'avais bien raison.
Je suis parti ce matin de bonne heure. Il m'a fallu du courage pour continuer à me préparer dans la bonne humeur quand, après avoir jeté un coup d’œil machinal sur  le thermomètre, j'ai réalisé qu'il n'indiquait que trois petits degrés. C'est en dessous de ce que je considère habituellement comme étant raisonnable, mais je suis tellement content à l'idée de remonter sur ma moto que rien ne saurait m’arrêter. Ce matin, je suis un biker, un pur, un qui se moque des contingences météorologiques.
Bien calé derrière mon guidon je me félicite pour mon courage et je regrette de ne pas pouvoir me faire un petit selfie, histoire d'envoyer ça sur Facebook, ce n'est pas tout d'être héroïque, il faut quand même que ça se sache!
Et pourtant, après une petite heure de roulage, je commence à réaliser que les choses ne vont pas continuer bien longtemps en mode euphorie. Depuis quelques dizaines de kilomètres, un vilain courant d'air a réussi à se frayer un passage entre mon casque et mon blouson et essaye à tout pris de me geler l'épaule droite. Coté mimines, je n'ai pas de poignées chauffantes sur ma Honda, et malgré mes gants achetés tout spécialement pour rouler par grand froid (dixit le vendeur) j'ai les doigts qui ne vont pas tarder à devenir cassants.
Imperceptiblement, l'idée de stopper dans un bar et de boire un bon chocolat chaud se fraye un passage entre mes neurones, grandit, pour finalement envahir tout mon cerveau.
C'est maintenant une évidence, il faut que je stoppe rapidement. J'en profiterai pour tout remettre en ordre, et je ferai un point route par la même occasion. Mais entre le moment ou on décide de s’arrêter et celui ou on aperçoit enfin le bar tant attendu, il se passe souvent un long moment. C'est le cas pour moi ce matin, et c'est tout gelé que je me réfugie enfin derrière une table, essayant de passer ma commande en bégayant. Mon moral en a pris un coup.
J'ai atterri  dans la petite commune d'Avenas à moins de 80kms de mon domicile, il m'en reste presque autant pour atteindre  mon objectif du jour, le château de Berzé le Châtel, au sud de la Saône et Loire. Contrairement à ce que j'imaginais, le premier chocolat ne me remet pas en selle, j'en commande un deuxième. Ma belle détermination de ce matin est restée quelque part dans les collines beaujolaises et me voilà à échafauder un plan B. Je devrai plutôt dire un plan R, comme Retour à la maison, Repas au chaud.  La vieille dame qui me sourit à la table du fond et qui voit peut être en moi un super baroudeur, est loin de s'imaginer à quel point j'échangerai bien ma moto contre une douillette voiture bien chauffée.
La fin de cette histoire n'est pas glorieuse. Oui, j'ai fait demi tour et je suis rentré chez moi, non je ne suis pas allé visiter le château de Berzé, non je n'ai pas fait plus de photos. Le lendemain je suis allé m'acheter une paire de gants chauffants et des sous vêtements techniques spécial grand froid.
Je suis prêt maintenant, il peut revenir le froid, même pas peur.


Le froid, la neige, le brouillard... On est entre nous!!!

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