Les amis

Je me fais quelquefois des "petites crises existentielles". Elles sont déclenchées la plupart du temps par l'arrivée de mauvaises nouvelles. En ce moment, et sans doutes suite à la disparition tragique d'une amie il y a trois semaines ( Bad trip ), j'avai presque des doutes sur mon avenir de motard. Car c'est une évidence, chevaucher ces bombes à roulettes, même si c'est une formidable source de plaisir, ça reste quand même un peu plus dangereux que de tricoter au coin du feu.

Heureusement, ces moments de flottement avec moi ne durent pas très longtemps. Outre le fait que ces réflexions, si on les prolonge trop longtemps, vous plombent le moral aussi surement qu'un reportage d'Envoyé Spécial sur la Syrie, elles ne m'apportent au final aucune solution acceptable. Aussi quand hier mon ami m'a demandé si j'étais partant pour une journée ballade zen dans le parc du Forez, j'ai tout de suite vu l'occasion de m'aérer les neurones en sa compagnie et de me préparer pour les vacances qui arrivent.
Erik avait convié sa femme à notre chevauchée fantastique du jour. Nous roulons très souvent en solo, et il est bien que nos épouses se rendent compte de temps en temps que nous n'avons pas une vie si facile. Avec l'humour de mon ami et la gentillesse de sa femme j'étais entre de bonnes mains. Nous avons refait tous les trois la ballade dans le parc du Forez, celle que nous avions tant aimé le mois précédent. De la belle petite route à flanc de montagne, très souvent en foret, avec ces fragrances boisées, on aurait presque l'impression d'avoir un diffuseur de parfum "senteur pin" sous chaque bras. J'avais ramené "Harlette" de la campagne quelques jours plus tôt, j'ai ainsi pu faire le même circuit sur deux motos très différentes. Signe sans doutes de ma joie de conduire retrouvée, j'ai aimé comparer les comportements pourtant si opposés de mes deux titines. La Honda, bonne élève, douce, coupleuse et tellement irréprochable au niveau tenue de route, la Harley à l'inverse, de l'ADN de "bad bike" un brin exclusive, limite capricieuse qui doit tout son attrait à son moteur si typé et qui en profite.
Vous avez dit dangereux la moto?
Il fallait aussi dire quelques mots de ce petit restau posé sur la place d'Ambert. Il s'appelle le "Café Lyonnais" et se sont les époux Gazon qui tiennent l'affaire (et oui Erik, il s'agissait de Mr Gazon, pas de Mr Tondeuse...). Un petit menu entre amis, comme à la maison, servi sur la terrasse avec en prime le sourire de la patronne, et la vue sur nos bécanes.
L'après-midi il faut bien se remettre au taf... Alors on se fait quelques cols histoire de se shooter un peux plus aux virolos, "la Croix de l'Homme Mort" "la Croix des Quatres Jambes" "le Béal" et d'autres dont le nom m'échappe. A Chalmazel, nous jetons un coup d’œil sur le château éponyme, longtemps possession des seigneurs "Talaru" il appartient maintenant à l'ancien député maire de Beaune, Alain Sugenot, qui y aurait ouvert des chambres d'hôtes, ça ne doit pas être mal non plus, de passer une nuit dans un château!!!
Alors après avoir rangé "Harlette" au garage, tout en grattant les grosses taches multicolores des insectes écrasés sur ma peinture, moi je me dit que vous m'avez rendu ma joie de rouler les amis, que tout compte fait je ne suis pas près de raccrocher les gants et que tant que j'aurais assez de force pour me tenir derrière le guidon je ne me priverai pas d'un tel plaisir

Merci les amis pour votre gentillesse et votre bonne humeur